ARCHITECTURE
ADLE Chahryar

Un dernier chef-d'œuvre d'architecture islamique avant l'invasion mongole. Etude et relevé par C. Adle

Le village de Zuzan est situé à proximité de la frontière afghane, aux confins méridionaux du Khorassan iranien (215 km à vol d'oiseau au sud de Meched). Décrite pour la première fois en 1940 par André Godard, alors directeur des services archéologiques iraniens, la mosquée-médressé fut dès lors reconnue comme de première importance bien que rares furent ceux qui purent s'y rendre.
Le projet de Chahryar Adle consiste en un relevé photogrammétrique du monument qui, par la restitution graphique de son aspect originel, facilitera à la fois son étude et sa restauration. L'édifice était en effet fort endommagé : sa voûte s'était affaissée et il était devenu une "carrière" de briques pour les habitants du village; sa base ainsi attaquée, il se trouvait à la merci du moindre tremblement de terre. Dans son état actuel, la mosquée-médressé est formée de deux eyvâns monumentaux effondrés, séparés par une cour longue de 45 m. L'eyvân principal est gigantesque puisqu'il mesure encore plus de 13 m de hauteur pour une profondeur de 28 m. Sa hauteur totale avant l'effondrement devait avoisiner les 30.

 

facade de l eyvan principal

C. Adle. Zuzan : façade de l'eyvân principal


C. Adle a commencé ses travaux en 1988. Ses deuxième et troisième missions à Zuzan, en hiver 1988-1989 et au printemps 1990, lui ont permis d'enregistrer sur ordinateur les coordonnées métriques de signes placés sur deux des façades et sur les frises épigraphiques ainsi que de prendre des vues stéréoscopiques des inscriptions contenues dans ces frises. Le calcul précis de ces coordonnées permettra la transformation de ces vues en relevés dessinés à l'échelle de 1/15e au 1/50e. Lors de ces missions, par l'étude des inscriptions monumentales, C. Adle a pu préciser plusieurs points, notamment les dates de construction des diverses parties de la mosquée-médressé, l'identité du maître constructeur et celle du commanditaire.

Problèmes de datation

Une première date avancée par Godard pour le monument, 615/1218, sur les indications de A. Teymurtache, ministre de Reza Chah, a été confirmée par Sheila Blair, historienne de l'art et épigraphiste, qui a pu étudier les inscriptions dont certaines se sont partiellement écroulées depuis lors. Se basant sur l'épigraphie, la décoration et l'espace architectural, B. Ayatallahzade-Chirazi et J. Michael Rogers avaient, quant à eux, proposé le VIIIe/XIVe siècle comme alternative. Dans ce deuxième cas, cette construction ne serait plus un précurseur, mais seulement une oeuvre réussie dont la décoration serait toutefois en retard techniquement sur ce qui se faisait en Azarbayjan et en Anatolie à la même époque. Or, au contraire, face à l'examen des vestiges subsistants, la première date se trouve confirmée, l'architecture et la décoration en céramique de cet édifice présageant ainsi de ce qui va s'imposer ultérieurement dans ces régions.

 

vue generale du site

C. Adle. Zuzan : vue générale du site


La quatrième mission est en cours : C. Adle poursuit son travail, notamment par la prise de vues stéréoscopiques de façades non encore photographiées. Il pense achever son travail à la fin de 1991.
Il faut encore mentionner qu'outre la Fondation, les travaux de C. Adle sont soutenus par le CNRS et les autorités françaises; les responsables iraniens conduisent activement les restaurations, offrent sur place un soutien logistique tout en assurant la rémunération des ouvriers.