EPIGRAPHIE, CALLIGRAPHIE, CODICOLOGIE, LITTERATURE / EPIGRAPHY, CALLIGRAPHY, CODICOLOGY, LITERATURE
OMAN Giovanni

Du 3 au 16 décembre 1990, une mission archéologique italienne, dirigée par M. Giovanni Oman, professeur de langue et de littérature arabe à l'Istituto Universitario Orientale de Naples, et constituée de Mme Vincenza Grassi, épigraphiste, et de M. Augusto Trombetta, photographe, s'est rendue au Soudan.
La mission avait pour but de vérifier la présence à Khor Nubt, vallée située dans le désert à l'ouest de Port Soudan, d'inscriptions arabes anciennes en caractères coufiques; elles avaient été signalées au début du siècle par un représentant de l'"Exploration Syndicate and Mines" de Londres, qui effectuait des recherches sur les anciennes mines d'or de Nubie. Depuis la plus haute antiquité, cette région a été l'un des principaux fournisseurs d'or des pharaons d'Egypte .
Un petit nombre de ces inscriptions est déposé au Musée archéologique de Khartoum. Huit ont été publiées, malheureusement sans commentaire, par l'orientaliste français Gaston Wiet en 1952. Un an plus tôt, le Britannique John Walker, numismate au British Museum, avait publié six autres stèles photographiées en 1903 et provenant très probablement de la même zone. En 1954, H. Glidden affirmait, dans une note publiée dans "KUSH - Journal of the Sudan Antiquities Service", qu'il s'agissait des plus anciens matériaux archéologiques arabes retrouvés au Soudan.
La mission a quitté Khartoum à l'aube du vendredi 7 décembre et a atteint Sinkat, via Wad Medani, Gedaref, Kassala et Haiya, le lendemain. De Sinkat, où il a été possible d'engager un guide béja connaissant la région, et d'acheter du ravitaillement, l'expédition a atteint, à l'aube du 9 décembre, l'entrée du Khor.

 

Carte de Khor Nubt

G. Oman. Carte de Khor Nubt


Dans le Khor se trouvent deux groupes de tombes anonymes (elles ne sont marquées d'aucun signe distinctif). Elles consistent en monticules de grosses pierres noirâtres délimitées par des pierres, plus grandes, disposées à plat ou debout; très souvent, une deuxième série de pierres dessine une sorte d'enceinte à leur circonférence. Une partie des pierres qui composent le contour des tombes se révèle être des stèles portant des inscriptions coufiques.
Pendant 48 heures, un patient et laborieux travail a permis de photographier toutes les inscriptions. Elles représentent 89 pièces; 31 sont complètes, les autres sont fragmentaires et de diverses dimensions.
La mission a pu avoir lieu grâce à des contributions financières du Ministère de la recherche scientifique italien, du C.N.R.S. de Rome et de la Fondation Max van Berchem à Genève. La Firme Salini Costruttori de Rome a mis deux véhicules avec chauffeurs à disposition pendant une semaine et Agip-Soudan a offert le séjour à Khartoum.
Les résultats de l'expédition sont, surtout d'un point de vue technique, extrêmement intéressants. Les dates déchiffrées jusqu'ici s'échelonnent de la moitié du IXe siècle (240H/854AD) à la première moitié du Xe siècle (339H./950AD); elles confirment ainsi les affirmations de M. Glidden. Vu l'absence totale d'autres sources historiques expliquant la présence de "colonies arabes" dans cette région, des recherches complémentaires sont toutefois nécessaires.