Une des idées qui préoccupait Max van Berchem dans le domaine de la collecte du matériel épigraphique arabe, était la constitution d'un Répertoire Chronologique d'Epigraphie Arabe (R.C.E.A.). Ce projet n'a vu le jour qu'en 1931, après sa mort, sous la direction de E. Combe, J. Sauvaget et G. Wiet. Leur dessein était de réunir et de classer chronologiquement toutes les inscriptions historiques en langue arabe. Interrompu en 1964, avec la parution du XVIème volume qui contenait les inscriptions allant jusqu'à l'an 1359 A.D., il ne fut repris que dix ans plus tard par Ludvik Kalus qui se chargea de l'élaboration des XVIIème et XVIIIème volumes, parus respectivement en 1982 et en 1991, sous la direction de N. Elisséeff, D. Sourdel et J. Sourdel-Thomine.
Les nouvelles techniques informatiques dans le stockage des informations ont incité la Fondation Max van Berchem à poursuivre cette vaste entreprise sous une forme nouvelle, en élargissant ses objectifs et ses perspectives. Il s'agit de créer, dans des délais raisonnables, une banque de données des textes épigraphiques qui réunira toutes les inscriptions datées ou datables jusqu'à l'an 1600 A.D., en arabe mais également en persan et en turc, langues principales du monde musulman, voire en quelques langues "mineures" utilisées dans ces contrées. On inclura dans ce corpus, désormais intitulé Répertoire d'Epigraphie Islamique, l'ensemble des inscriptions publiées dans les précédents volumes du R.C.E.A. ainsi qu'un grand nombre d'inscriptions découvertes depuis la création de ce projet ou non encore incluses.
Une bibliographie analytique et informatisée des travaux concernant ou étant susceptibles de concerner les inscriptions islamiques dans toutes les langues utilisées dans le monde musulman jusqu'à nos jours est d'ores et déjà établie par les soins de L. Kalus et contient près de cinq mille titres. Ce fichier qui constitue une étape préparatoire est mis à la disposition du Répertoire.
La Fondation Max van Berchem, propriétaire du projet, a établi une convention avec l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, IVème section, à Paris, qui se charge actuellement de son élaboration. Ainsi, il a été entrepris, sur un ordinateur Macintosh, de créer un fichier "Epigraphie" qui rassemble les données sous forme de rubriques déterminant les différents critères tels que la nature des inscriptions, leur emplacement actuel, leur langue, leur aspect, pour ne citer ici que les plus importants, avec le texte des inscriptions en caractères arabes. En même temps, il a été élaboré un fichier "Toponymes", réalisé à partir de l'index géographique qui accompagne le R.C.E.A., avec les définitions de chaque lieu, en tenant compte des frontières politiques actuelles.
Ces fichiers, liés entre eux, permettront une recherche rapide des rubriques souhaitées, soit par localité, nature, matériau, support, langue, ère hégirienne ou chrétienne, lieu de conservation, etc... Toutes les données sont en effet susceptibles de faire l'objet d'interrogations croisées, d'être constamment modifiées et complétées au gré des découvertes et des publications. Le futur Répertoire a donc une vocation multifonctionnelle et permettra une utilisation immédiate quelle que soit la nature de la recherche.
Deux mille inscriptions ont été saisies pour l'heure, mais le matériel mis à notre disposition est évalué à vingt mille textes, voire plus encore.
L'élaboration du projet a été confié à Frédérique Soudan, chercheur de la Fondation, qui est pour le moment dirigée par Ludvik Kalus, professeur à l'Université de Paris-Sorbonne. Cette entreprise conçue sous forme de banque de données sera certainement la meilleure façon de rendre hommage à la mémoire de Max van Berchem, le père de l'épigraphie.