EPIGRAPHIE, CALLIGRAPHIE, CODICOLOGIE, LITTERATURE / EPIGRAPHY, CALLIGRAPHY, CODICOLOGY, LITERATURE
BEN AZZOUNA Nourane

Résumé

L’école d’été intitulée « Le manuscrit arabe : codicologie, paléographie et histoire » a été financée grâce à la générosité des fondations Barakat et Max van Berchem. Elle s’est tenue à Tunis, à la Bibliothèque Nationale de Tunisie, du 10 au 15 juillet 2017. Le but de l’école d’été était d’offrir une formation substantielle sur le manuscrit arabe avec un accent sur le patrimoine manuscrit de l’Occident musulman et plus particulièrement de la Tunisie. Pendant six jours, quelques-uns des plus éminents spécialistes ont proposé des enseignements théoriques et des ateliers pratiques sur les différents aspects du sujet, en premier lieu la codicologie (Aurélia Stréri, Jean-Louis Estève) et la paléographie (Alain George, Umberto Bongianino), dans le but de permettre aux participants d’acquérir les méthodes nécessaires à l’analyse des manuscrits arabes dans le cadre d’un travail de recherche, d’édition (Asma Hilali, Moez Dridi) ou de catalogage (Francis Richard, Rachida Smine). De plus, la formation a été l’occasion de rencontres fort enrichissantes entre chercheurs, professionnels et étudiants de différentes nationalités, de différentes spécialités et de divers centres d’intérêt. Elle a donné aux participants l’occasion d’accéder à l’une des plus importantes collections de manuscrits du Maghreb et du monde arabe : la Bibliothèque Nationale de Tunisie, ainsi qu’à l’une des plus importantes collections historiques : celle de Kairouan, et d’autres plus méconnues. Enfin, l’école d’été a ouvert de nouvelles perspectives de collaboration et de travail sur le patrimoine manuscrit en Tunisie.

 mini Ben Azzouna photo participants 2Les participants à l'Ecole d'été

Rapport détaillé

Le projet d’une école d’été sur le thème du « manuscrit arabe : codicologie, paléographie et histoire » a été très favorablement accueilli dès les premiers contacts avec les responsables de la Bibliothèque Nationale de Tunisie, début 2016. Ainsi, la Directrice Générale, Mme Raja Ben Slama, ainsi que la personne qui était alors responsable du département des manuscrits et qui est devenue, depuis, responsable de l’ensemble des collections patrimoniales, Mme Rachida Smine, ont tout mis en œuvre pour la concrétisation du projet, Rachida Smine prenant part activement au projet comme coorganisatrice. Les différents intervenants que nous avons contactés ont aussi montré un intérêt très vif, et un vrai engagement pour le projet. De même, l’appel à candidatures que nous avons diffusé a suscité une centaine de candidatures du monde entier, du Japon au Mexique et de l’Indonésie à l’Amérique du Nord, en passant évidemment par le monde arabe et l’Europe.

Un tel enthousiasme s’explique sans doute par le fait que, d’une part, le thème du manuscrit arabe intéresse un grand nombre de chercheurs et de conservateurs de par le monde, et d’autre part, le nombre de formations universitaires ou professionnelles offertes dans le domaine reste extrêmement réduit, en particulier dans le monde islamique et arabe lui-même. Ainsi, bien que des cours de codicologie ou de catalogage soient assurés dans quelques universités tunisiennes (par Mme Balkis Rzigui à l’Université de la Manouba ; Mr. Khaled Kchir à l’Université de Tunis ; Mme Rachida Smine à l’Université de la Zitouna), cette école d’été a été la première du genre jamais organisée en Tunisie.

Comme cela est bien connu, la Tunisie est riche d’une histoire intellectuelle et d’une tradition livresque et manuscrite très importantes. Si rien n’est conservé des fameuses bibliothèques et archives de la période antique, ce pays conserve encore l’une des plus anciennes et des plus riches bibliothèques médiévales : celle de la Grande Mosquée de Kairouan qui date probablement du IXe, au plus tard du XIe s., ainsi que plusieurs autres bibliothèques historiques significatives comme celle de la Grande Mosquée de Tunis (essentiellement XVIe-XIXe s.). L'histoire de la Bibliothèque Nationale elle-même commence sous le protectorat français. Fondée en 1885 comme une «Bibliothèque Française», avec des livres envoyés par Paris ou donnés par des fonctionnaires français et accessibles uniquement à un nombre limité de lecteurs privilégiés, elle est transformée en une véritable bibliothèque publique, appelée «Bibliothèque Populaire» en 1910. À partir de cette date, cette bibliothèque devient l'une des plus riches et des mieux cataloguées du monde arabe, ce qui continue après l'indépendance en 1956, lorsque la Bibliothèque Populaire devient la Bibliothèque Nationale.

Probablement à partir de 1910, la Bibliothèque Populaire commence à acquérir des manuscrits en arabe et dans d'autres langues, aussi bien orientales qu’occidentales. En 1950, elle est riche de 3197 volumes arabes et orientaux. Mais le grand tournant a lieu en 1967, lorsque le Président de la République, Habib Bourguiba, publie un décret ordonnant de rassembler tous les manuscrits conservés dans toutes les bibliothèques, des mosquées, madrasas, écoles coraniques, mausolées, administrations publiques etc., à la Bibliothèque Nationale. Le décret est appliqué dès 1968-69. Puis les collections continuent à s’enrichir grâce à des achats, dépôts, dons ou legs, mais les collections historiques de Kairouan sont retournées au Centre d’Etudes de la Civilisation et des Arts Islamiques à Raqqada, Kairouan, en 1982-83.

C’est donc grâce au décret présidentiel et au rassemblement de la quasi-totalité du patrimoine manuscrit dans une même institution que la BNT devient la première collection de manuscrits de Tunisie et du Maghreb avec env. 40.000 textes dans 25.000 volumes. La deuxième collection tunisienne est celle de Kairouan qui compte environ 8000 volumes et plus de 39 000 feuillets détachés, et de nombreuses institutions religieuses et éducatives, publiques et privées, conservent encore des manuscrits, sans parler des collections particulières. Ce patrimoine manuscrit couvre une période qui va du IXe au XXe s. et est riche de témoignages importants sur divers aspects de l’histoire de la région.

Ce patrimoine a commencé à attirer les chercheurs modernes à la fin du XIXe s. Cependant, si la situation de la conservation des manuscrits a fait des progrès considérables grâce à la collecte de la plupart des volumes dans deux grandes institutions publiques et modernes, l'étude et la connaissance de ce matériel n'ont pas connu d'amélioration substantielle. A titre d’exemple, à la BNT, seuls les 10.000 premiers textes sont, à ce jour, catalogués. De plus, ces catalogues sont extrêmement déficients, se limitant à l'indication de l'auteur, du titre, du nombre de feuillets, de la taille et du nombre de lignes par page. A Kairouan, aucun catalogue ni même inventaire complet n’a encore été publié. L’absence de catalogues, voire d’inventaires publiés constitue un frein évident à la connaissance et à l’étude de ce matériel, y compris de la part des chercheurs tunisiens. Un autre frein important est la rareté des formations dans ce domaine.

Cette école d’été a été conçue avec l’objectif de contribuer à combler certaines de ces lacunes, en offrant une formation courte, concentrée dans le temps, qui soit à la fois une introduction à la codicologie, à la paléographie et à l’histoire du livre arabe et en particulier maghrébin, et en même temps une formation de pointe, destinée, nécessairement, à des spécialistes : professionnels des bibliothèques et chercheurs ; tout en favorisant les rencontres entre les spécialistes tunisiens qui sont souvent assez isolés et les chercheurs internationaux. La volonté de favoriser les rencontres entre spécialistes tunisiens et internationaux nous est apparue comme une nécessité, voire une priorité, ce qui nous a orientés vers une sorte de formule mixte entre l’école d’été et la conférence. En effet, alors qu’une école d’été est généralement assurée par un nombre limité d’intervenants, nous avons souhaité non seulement offrir une formation de pointe dans les domaines de la codicologie, de la paléographie et de l’histoire du livre arabo-maghrébin, mais aussi que cette formation soit assurée par l’un ou l’une des meilleurs représentants de chaque domaine, de manière à permettre aux participants, en particulier tunisiens, mais aussi internationaux, d’avoir accès non seulement aux recherches les plus récentes, mais aussi à leurs auteurs, dans une perspective interdisciplinaire.

A partir de notre programme prévisionnel ébauché début 2016, nous avons gardé les grandes lignes, mais procédé à un certain nombre d’ajustements (voir le programme final en annexe). Après une première demi-journée d’introduction, nous avons commencé par la codicologie, avec un accent sur les matériaux du manuscrit, et en particulier les matériaux représentés au Maghreb et en Tunisie, à savoir le parchemin (une demi-journée) et le papier (trois demi-journées) ; puis la reliure (une demi-journée) ; ensuite la paléographie, avec aussi un accent sur les aspects les plus pertinents pour le Maghreb et la Tunisie, à savoir les écritures coraniques anciennes et les écritures maghrébines (une journée) ; et nous avons terminé par une ouverture sur les questions du catalogage, de l’édition, et des documents (une journée). Alors que le projet de départ incluait une sixième journée consacrée au thème des manuscrits et des nouvelles technologies, le programme nous a paru déjà bien dense, et le thème des manuscrits et des nouvelles technologies bien vaste, si bien que nous avons préféré réserver ce thème pour une autre occasion (ci-dessous), et terminer par une sixième journée de visite aux collections kairouanaises.

L’introduction : Après un mot d’accueil et d’introduction de la part de la Directrice Générale de la BNT, Mme Raja Ben Slama, et une brève présentation du format et des objectifs de l’école d’été par Nourane Ben Azzouna, la parole a été donnée à Rachida Smine et à l’ancien directeur du centre des manuscrits de Kairouan, Mr. Jalel Alibi, pour présenter l’historique, les collections, les moyens de ces deux fonds.

mini Ben Azzouna conférenciers 1Les conférenciers

Ensuite, l’école d’été proprement dite a commencé. Le programme s’est articulé en une série d’ateliers, chacun avec un volet de présentation théorique et un autre d’exercices pratiques.

La peau : parchemin et cuir : Aurélia Streri, restauratrice indépendante qui a particulièrement collaboré, depuis une dizaine d’années, avec le musée du Louvre et le musée Guimet à Paris, et qui a développé une spécialisation dans le domaine des manuscrits islamiques, et en particulier des peaux, a commencé par une présentation théorique sur ce matériau, ses propriétés physiques, ses traitements, et a abordé des questions telles que la distinction entre les espèces animales, l’identification des parties de la peau utilisées pour fabriquer les feuillets de parchemin (collet, échine, pattes…), voire la taille et l’âge approximatif de l’animal, et ce que ces informations pourraient nous apprendre sur l’économie des manuscrits. Ensuite, elle a proposé un exercice d’identification de peaux, parchemins et cuirs (veau, mouton, vélin, maroquin…) à partir d’un échantillonier fabriqué par ses soins et distribué aux participants. Elle a terminé par l’observation de quelques manuscrits sur parchemin au microscope.

Le papier : Partant du principe qu’une manière particulièrement efficace de comprendre les techniques est de les expérimenter, de les pratiquer, Jean-Louis Estève, Professeur Emérite à l’Ecole Estienne, Ecole Supérieure des Arts et Industries Graphiques, et spécialiste du papier arabo-islamique, adepte de la méthode expérimentale, a proposé un atelier de fabrication de papier. La mise en place de l’atelier a été assez difficile, notamment en raison de la qualité de l’eau disponible à Tunis, qui diminuait la consistance, la densité de la pâte à papier. Mais après de nombreuses tentatives (lundi après-midi), l’atelier a commencé mardi matin dans l’atelier de restauration de la BNT, et il a été l’un des moments forts de la formation. Trois postes de travail ont été mis en place : un poste de fabrication ou de tissage de forme, à l’aide de joncs et d’alfa, et deux cuves où il était possible de tester deux formes mobiles de tailles différentes, ainsi qu’une forme comportant un filigrane. Tous les participants ont ainsi pu fabriquer au moins deux feuilles de papier, avant de les mettre à sécher sur un mur. L’après-midi, de retour à la salle de conférence, Jean-Louis Estève a proposé un exposé plus détaillé sur les techniques de fabrication du papier dans le monde islamique, de la préparation de la pâte au polissage. Il a également parlé des méthodes d’analyse du papier : ce qu’il faut observer, noter. Il a suscité d’intenses débats autour de plusieurs questions, comme les dimensions du papier, le filigrane dans les papiers orientaux, ou le zigzag, avant de passer à l’observation de quelques manuscrits en papier à zigzag de la BNT. Il a montré l’importance d’une observation minutieuse du papier pour tenter d’en reconstituer l’histoire. Par exemple, le papier était-il encollé et poli dans l’atelier du papetier ou ailleurs ? Le lendemain, l’atelier s’est poursuivi à nouveau dans l’atelier de restauration où il les participants se sont essayés à l’apprêt et au polissage, à l’aide de différents outils, des feuilles fabriquées la veille. Mr. Abdellatif Caussani, calligraphe, a fait des essais d’écriture sur feuilles brutes, non polies et polies, ce qui a permis de bien comprendre l’importance de la préparation de la surface du papier pour lui permettre de recevoir l’écriture.

mini Ben Azzouna atelier papier 3mini Ben Azzouna atelier papier 4mini Ben Azzouna atelier papier 5mini Ben Azzouna atelier papier 6mini Ben Azzouna atelier papier 7mini Ben Azzouna atelier papier 8mini Ben Azzouna atelier papier 9mini Ben Azzouna atelier papier 10mini Ben Azzouna atelier papier 11mini Ben Azzouna photo calames 12Atelier de fabrication du papier

La reliure : Mercredi après-midi, Aurélia Stréri a expliqué les principes et les techniques de la reliure, notamment en distribuant des modèles fabriqués par ses soins pour montrer les différents types de coutures pratiquées dans les manuscrits islamiques (à deux points, à trois points etc.). Elle a également parlé des différentes techniques de décoration des reliures en cuir et en papier. Elle a terminé par distribuer un protocole descriptif d’un livre manuscrit et elle en a montré l’utilisation sur quelques manuscrits.

La paléographie : Jeudi a été une journée consacrée à la paléographie. Alain George, Professeur à l’université d’Edinburgh et, depuis le début de cette année universitaire, à Oxford, et l’un des meilleurs spécialistes de la paléographie arabe ancienne, a proposé un cours alternant des explications et des exercices, par exemple comparer deux écritures ou identifier une écriture d’après la typologie élaborée par François Déroche telle qu’elle apparaît dans le catalogue des corans de la collection Khalili, qui a aussi été distribuée aux participants. Son cours, dynamique et interactif, a suscité des débats animés, par exemple sur la légitimité de comparer des écritures dont les fonctions sont différentes. Puis, ayant choisi de cibler les aspects les plus pertinents pour les chercheurs dont les travaux portent sur le Maghreb et la Tunisie, nous avons invité Mustapha Jaouhari, Maître de conférences à l’Université Bordeaux Montaigne et spécialiste de paléographie maghrébine, à faire un cours sur ce sujet, mais ayant dû annuler sa participation quelques jours avant le début de l’école d’été, nous avons eu la grande chance de pouvoir compter sur Umberto Bongianino qui venait de terminer sa thèse sur la paléographie maghrébine médiévale. M. Bongianino a donc présenté ce sujet à la fois d’après des diapositives et des observations sur des manuscrits de la BNT, notamment les deux corans d’Ibn Ghaṭṭūṣ. A la fin de la journée, M. Caussani a fait une démonstration de taille de calames à la manière orientale et maghrébine.

Le cinquième jour a été conçu comme une ouverture et une introduction à quelques applications pratiques des travaux sur les manuscrits. Rachida Smine a parlé du catalogage, et en particulier de l’identification des auteurs et des textes. Elle a évoqué les ouvrages de référence en la matière et a proposé quelques exercices de déchiffrement, soit d’incipit, soit d’excipit et de colophons où apparaissent les noms des auteurs, montrant à quel point cette première étape du catalogage pouvait être difficile. Francis Richard, ancien conservateur à la BnF, spécialiste, entre autres, du catalogage des manuscrits persans, a démontré l’importance d’inclure les observations codicologiques dans les catalogues, et a proposé quelques méthodes de travail pour l’élaboration de notices codicologiques. Il a aussi évoqué l’importance de publier des catalogues imprimés et en ligne, les deux étant complémentaires. L’après-midi, Asma Hilali, actuellement Maître de conférences à l’Université de Lille, dont les travaux portent principalement sur la transmission des textes religieux aux débuts de l’Islam, a évoqué les enjeux de l’édition à travers son expérience d’édition d’un manuscrit particulièrement complexe : le palimpseste de Sanaa. Enfin, Moez Dridi, Chercheur associé à l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, section arabe, et membre du projet international « Islamic Law Materialized », a évoqué cet autre type de documents manuscrits que sont les documents officiels, administratifs, légaux…. Il a parlé des principales collections renfermant de tels documents dans le monde islamique, notamment à Kairouan, des enjeux méthodologiques de l’édition et de l’étude de ces documents, ainsi que de l’apport des nouvelles technologies dans ce domaine à travers l’exemple de la base de données CALD (Corpus of Arabic Legal Documents).

Parallèlement à l’école d’été, nous avons été accueillis à la fin de l’une des journées de travail par l’association Djerba – al-Tawāṣul, une association ibadite qui a créé un centre d’études ibadites dont l’une des missions est de collecter le patrimoine manuscrit ibadite. Nous avons ainsi eu accès à cette collection qui est en cours de traitement et de numérisation. Nous avons également organisé une visite guidée de la médina de Tunis.

Enfin, le dernier jour, samedi 11 juillet, nous avons proposé une excursion à Kairouan. Nous avons commencé par une visite du Musée d’arts islamiques, guidée par le fondateur du musée, M. Ibrahim Chabbouh, et le conservateur. Nous avons ensuite visité le centre des manuscrits où nous avons pu voir les restaurateurs à l’œuvre et avoir de longues conversations avec eux. Puis, nous avons visité le Centre d’Etudes Islamiques de l’Université de Kairouan qui a aussi une collection de manuscrits en cours de traitement et de numérisation. Nous avons terminé la journée par une visite guidée de la ville.

Comme mentionné ci-dessus, l’annonce de l’école d’été a rencontré un très grand intérêt, avec une centaine de candidatures. C’est pourquoi nous avons dû limiter la sélection des participants à ceux dont les travaux portent principalement ou spécifiquement sur les manuscrits du Maghreb : historiens, historiens des religions, historiens des sciences, historiens de l’art, codicologues, conservateurs et élèves conservateurs de bibliothèque. Nous avons sélectionné trente participants, mais nous avons été surpris de voir venir au dernier moment une dizaine d’autres participants que, malgré nos tentatives, nous n’avons pas pu refouler. Il y a donc eu trop de participants, ce qui a rendu les séances pratiques, d’observation des manuscrits, difficiles, et a réduit leur intérêt.

Les points positifs : L’école d’été a offert une formation de très haut niveau sur la codicologie et la paléographie du manuscrit arabe et en particulier maghrébin, ainsi qu’une ouverture sur les questions du catalogage et de l’édition, notamment des documents. Elle a permis des rencontres fort intéressantes entre des chercheurs, des professionnels et des étudiants d’horizons divers, ce qui a mis en avant l’intérêt d’une approche pluridisciplinaire pour l’étude du manuscrit. L’école d’été a en particulier permis la rencontre entre plusieurs chercheurs tunisiens qui ne s’étaient jamais rencontrés (universitaires et bibliothécaires, de Tunis, de Kairouan et d’autres régions). Malgré le nombre trop important de participants, le fait que des élèves conservateurs de bibliothèque tunisiens aient pu en bénéficier me semble être l’un des apports les plus importants de l’école d’été. Ces élèves sont en effet certainement ceux qui vont jouer le rôle le plus actif dans la conservation, l’étude et la valorisation du patrimoine manuscrit tunisien. L’école d’été a aussi montré la valeur assez exceptionnelle de ce patrimoine, ainsi que l’ampleur des chantiers qu’il soulève et la nécessité d’engager des travaux d’envergure sur ces collections. De l’école d’été a émergé l’idée de créer une association pour l’étude et la valorisation du patrimoine manuscrit en Tunisie. L’intérêt d’une association est de dépasser les divisions régionales et institutionnelles, de permettre à des acteurs de différentes spécialités de travailler de concert, de manière plus efficace, en identifiant des priorités à l’échelle nationale, d’élaborer des projets communs et réguliers et de faire des demandes de financements plus importants.

Les points négatifs : Le point négatif a certainement été le nombre trop important de participants. Il nous semble maintenant assez clair qu’il est impossible de contrôler le nombre de participants à une manifestation de ce genre en Tunisie, du moins dans les conditions actuelles. C’est pourquoi nous nous orientons vers l’organisation de manifestations scientifiques d’une autre nature.

Les perspectives : Outre la création d’une association, qui est en cours d’étude, la première étape envisagée est l’organisation d’un colloque sur le thème des manuscrits et des nouvelles technologies à la BNT en octobre 2018. Nous sommes également en train de réfléchir à deux projets avec le centre des manuscrits de Kairouan.

Dr. Nourane Ben Azzouna
Faculté des Sciences Historiques / EA 3400 ARCHE
Université de Strasbourg