- EPIGRAPHIE, CALLIGRAPHIE, CODICOLOGIE, LITTERATURE / EPIGRAPHY, CALLIGRAPHY, CODICOLOGY, LITERATURE
- CHEN Da-sheng
En 1985, Chen Da-sheng a soumis un projet à la Fondation sur un sujet très nouveau : répertorier les inscriptions arabes de Chine.
L'Islam a été introduit dès le VIIe siècle dans les régions côtières du sud-est de la Chine par des navigateurs musulmans. Plus tard, par suite de la conquête arabe de l'Iran, le nord-ouest du pays a été également touché. Des mosquées, des tombes, des stèles attestent du passage de marchands et de voyageurs musulmans. Ces restes architecturaux avaient été jusqu'à présent plus ou moins négligés par les chercheurs. Max van Berchem avait pourtant consacré un article à ces vestiges d'après les renseignements fournis par un missionnaire, le Père Arnaiz ("Inscriptions arabes de Ts'iuan-tcheou", 1911). M. Chen a donc formé le projet de répertorier les inscriptions arabes et de les traduire pour pouvoir donner un éclairage nouveau à l'histoire de l'Islam en Chine.
On trouve surtout des inscriptions dans deux régions : la côte sud-est du pays (Fu-jian, Canton, Zhe-jiang, Jiang-su, Yun-nan, etc.) où l'influence de l'Islam s'est fait sentir du VIIe au XVIe siècle,et le nord-ouest (Xing-jiang, Ning-xia, Mongolie intérieure, etc.) du Xe au XVIIIe siècle.
Tombes et stèles à Ts'iuan-tcheou, avec une inscription datée de 623 de l'Hégire
(archives Max van Berchem)
Inscriptions islamiques en chinois
Les inscriptions figurant sur les tablettes en pierre les plus anciennes sont en persan et en arabe, mais les plus tardives sont en chinois. Les inscriptions des mosquées érigées par des musulmans établis en Chine sont entièrement en chinois. Et, après le XIVe siècle, le style des tombes musulmanes s'est confondu avec le chinois; la seule différence résidait dans la citation d'extraits du Coran en arabe.
La lecture de ces inscriptions a permis de résoudre quelques points d'histoire demeurés imprécis : par exemple, la grande majorité des inscriptions datent de la dynastie Yuan (1271-1368) ce qui permet d'affirmer que les musulmans se sont établis massivement sur la côte sud-est de la Chine à cette époque; auparavant les marchands arabes ne s'installaient pas de manière définitive et retournaient finir leur vie dans leur pays d'origine. Sous la dynastie Ming (fin du XIVe siècle), les mesures de ségrégation à l'égard des étrangers a provoqué un grand exode des musulmans vers l'Asie du sud-est et le Moyen-Orient interrompant pratiquement le commerce entre l'Orient et l'Occident. Les musulmans demeurés sur place se sont étroitement mêlés aux populations locales : leurs rites funéraires ont conservé certaines caractéristiques islamiques, mais leurs tombes sont devenues très semblables aux tombes chinoises.
M. Chen travaille en collaboration avec Ludvik Kalus qui, après avoir vérifié la traduction des inscriptions proposée par son homologue chinois, a traduit en français un premier fascicule, consacré aux inscriptions de la province de Fu-jian. Cet ouvrage comprenant 198 inscriptions s'intitule "Corpus d'Inscriptions Arabes et Persanes en Chine - Tome 1". Il devrait sortir de presse sous peu. M. Chen a commencé un deuxième tome sur les provinces de Zhe-jiang, de Jiang-su et la région de Shang-hai.