EPIGRAPHIE, CALLIGRAPHIE, CODICOLOGIE, LITTERATURE / EPIGRAPHY, CALLIGRAPHY, CODICOLOGY, LITERATURE
DEROCHE François

Chacun sait la place importante qu'occupe l'écriture dans la civilisation islamique : c'est en particulier l'aspect artistique de cette production scripturaire qui a suscité études et commentaires. Qu'il s'agisse de calligraphie ou de toute autre type de graphie, les écritures anciennes peuvent faire l'objet d'une approche soit historique, soit technique - cette dernière visant à aider le lecteur moderne à déchiffrer les documents anciens; toutes deux constituent les deux versants d'une même science des écritures anciennes, la paléographie.
Ce mot est utilisé à propos de l'écriture arabe et de ses monuments depuis maintenant deux siècles, mais l'examen de la situation dans le domaine des manuscrits conduit à constater que les données utilisables pour une étude historique sont extrêmement réduites. Les paléographes, et plus généralement tous ceux qui étudient des manuscrits islamiques, ne disposent pas de l'outil de base que sont les catalogues de manuscrits datés dans lesquels, en regard d'une bonne reproduction, figure une description codicologique précise : ce type d'ouvrage, bien connu dans le domaine occidental, est indispensable pour expertiser une écriture non datée par confrontation avec des spécimens datés, mais aussi pour écrire l'histoire de l'écriture arabe et plus généralement celle du livre dans le monde islamique.

 

exemple de fiche

F. Déroche : exemple de fiche (recto et verso) encartée dans le numéro I/2, janvier 1993, des Nouvelles des Manuscrits du Moyen-Orient


Il y a un siècle, l'arabisant espagnol F. Codera avait déjà défini ce que devait être ce catalogue, mais son projet ne s'était pas matérialisé. En 1986, lors d'un colloque qui s'était tenu à Istanbul, l'idée d'une lettre de nouvelles consacrée aux manuscrits du Moyen-Orient avait été lancée; quatre ans plus tard, la création d'une conférence de codicologie arabe à la IVème section de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes allait donner une nouvelle dimension à ce projet : il fut en effet décidé d'y ajouter la publication sous forme de fiches de format A4 de spécimens d'écriture accompagnés de la description des manuscrits concernés. Pour des raisons de commodité et de rapidité d'exécution, on renonça à la forme du catalogue exhaustif par collection et on établit une limite chronologique arbitraire (les manuscrits doivent être antérieurs à 1500 A.D.). L'aide de la Fondation contribua à accélérer la mise au point de la publication et permet de maintenir celle-ci accessible à un large public.
Deux années d'existence ont permis de publier l'équivalent d'un album paléographique de bonne taille et d'ouvrir la voie à l'indispensable comparatisme par publication de manuscrits datés arabes, persans et syriaques. Les fiches révèlent l'existence de manuscrits peu connus et devraient ouvrir des collections encore très mal décrites.