Du 30 novembre 2012 au 31 mars 2014, l’exposition Fascination du Liban se propose d’explorer les mille et un chemins qui, au fil du temps, ont uni les Libanais à leurs dieux et qui tissent les liens avec l’Au-delà. Grâce à une collaboration exceptionnelle avec le Ministère de la Culture/Direction Générale des Antiquités du Liban et le Musée national de Beyrouth, plus de trois cent cinquante objets archéologiques et œuvres d’art, dont certains jamais exposés, jalonnent la première partie de l’exposition consacrée au polythéisme.
Baalbek : grande mosquée vue de la cour (Ph. Max van Berchem)
Cette dernière s’ouvre sur l’âge de Bronze, où la croyance dans l’Au-delà s’incarne dans les figurines de divinités qui accompagnent le défunt dans sa tombe. Puis viennent les outils du culte : table d’offrande, ancre votive, obélisque associés aux objets usuels : cruches, bijoux. Avec les débuts de l’époque phénicienne apparaissent les premiers exemples concrets de crémations liées aux inhumations. Les rites funéraires se diversifient sous l’influence perse (sarcophages anthropoïdes) et les pratiques culturelles s’enrichissent. L’assimilation au monde grec se traduit par une fusion progressive des croyances. Les divinités locales s’hellénisent, formant un art indigène somptueux représenté par le trône d’Astarté et les étranges figurines de Kharayeb. Le monde romain – particulièrement riche en témoignages cultuels : sarcophages, cippe funéraires, statues de divinités (Apollon, Jupiter, etc.) – marque la fin du polythéisme et transpose son art au service du christianisme.
Bayt al-Din : Palais (photo Max van Berchem)
La seconde partie de l’exposition débute avec l’avènement du christianisme dès le IVe siècle qui est marqué, quant à lui, par la multiplication d’objets cultuels : croix, lampes, encensoirs, chapiteaux à monogrammes. Fleurons de l’exposition, trois mosaïques de pavement de la basilique byzantine du site de Chhîm, probablement réalisées au VIe siècle, structurent ce parcours chrétien, prolongé par des icônes melkites choisies au sien de la somptueuse collection Abou Adal, ainsi que par des manuscrits liturgiques – lectionnaire et nouveau testament.
La pourpre extraite à partir du murex, mollusque abondant dans la région de Tyr et Sidon est, aux côtés du bois de cèdre, la source majeure des fortunes qui firent du Liban une nation hors du commun au sein du Levant antique, comme l’archéologie en témoigne.
Byblos : Port vu du nord (photo Max van Berchem)
La conquête arabe à partir de 638 apporte à son tour, au fil des siècles suivants, son propre vocabulaire architectural et artistique, illustré par des éléments d’architecture du palais omeyyade d’Anjar, par de la céramique et des stèles ottomanes jamais dévoilées au public. Ce parcours au sein du monde islamique est également illustré par une sélection inédite de clichés anciens provenant des archives de la Fondation Max van Berchem.
Séjournant à Damas et voyageant dans la région à plusieurs reprises, Max van Berchem ne manqua pas d’étudier de nombreux monuments et sites du Liban, de les photographier et d’en relever maintes inscriptions. L’exposition présente des vues de Baalbek, de Beyrouth, de Bayt al-Din, de Byblos, de Nahr Ibrahim, de Nahr al-Kalb, du château de Beaufort et de Tripoli. Elles reflètent l’ouverture d’esprit de Max van Berchem et son inlassable curiosité, car il n’oublie pas de noter de petits détails, comme des affleurements de ruines insignifiantes, car non déblayées, ni de signaler les monuments paléochrétiens et byzantins ou les inscriptions grecques ou latines. Du reste, l’exposition reproduit des pages des carnets de voyage dans un diaporama qui permet de découvrir les talents de dessinateur du savant genevois.
Tripoli : Tour des lions et petit port (photo Max van Berchem)
La présentation s’achève avec des photographies prises dans les années 1960-1970 par le célèbre photographe Manoug Alemian. Elles illustrent les grands sites archéologiques comme Baalbek, ainsi que des paysages et monuments caractéristiques du Liban.
Cette exposition cherche à rendre visite l’équilibre sans cesse renouvelé entre la diversité des cultes et des rites nés sur cette terre féconde, source d’inspiration pour le futur.
Anne Marie Afeiche, Marielle Martiniani-Reber
et Marc-André Haldimann, commissaires